Circulation inter-files : l’expérimentation prévue pour septembre 2015

Une circulaire émanant du ministère de l’intérieur, publiée le 8 janvier dernier, précise les conditions de mise en place de l’expérimentation de la circulation inter-files.

Ce test grandeur nature donne vie à une recommandation adoptée fin 2013 par le Conseil national de la sécurité routière avec le soutien de la FFMC qui réclame depuis près de 10 ans la légalisation de cette pratique

Où ?
L’expérimentation sera menée dans la région d’Ile-de-France et dans les départements du Rhône, des Bouches-du-Rhône et de la Gironde.

Sur quel type de voie ?
La circulation inter-files ne sera autorisée que sur les autoroutes et routes à caractéristiques autoroutières à chaussées séparées par un terre-plein central, comportant au minimum 2x2 voies et n’abritant aucun croisement (ni carrefour à feu, ni carrefour giratoire).

Quels sont les véhicules concernés ?
L’expérimentation vise les véhicules d’une largeur d’un mètre maximum relevant de la catégorie :
-  L3e : véhicule à deux roues sans side-car, équipé d’un moteur d’une cylindrée supérieure à 50 cm ³ s’il est à combustion interne et / ou dont la vitesse maximale par construction est supérieure à 45 km/h
-  ou L5e : véhicule à trois roues symétriques, équipé d’un moteur d’une cylindrée supérieure à 50 cm ³ s’il est à combustion interne et / ou dont la vitesse maximale par construction est supérieure à 45 km/h.

Dans quelles conditions de circulation ?
La circulation inter-files ne pourra être pratiquée qu’en cas de trafic dense, c’est-à-dire lorsque la circulation se sera établie en files ininterrompues de véhicules.
Les motards et scootéristes devront regagner les voies « normales » de circulation dès lors que les autres véhicules rouleront à plus de 50km/h.

Quelles seront les règles à suivre en cas de circulation inter-files ?
La circulation inter-files devra s’effectuer entre les deux voies les plus à gauche jusqu’à une vitesse maximale de 50km/h.
Les usagers devront utiliser leur clignotant lorsqu’ils entreront ou sortiront de l’inter-files. Une fois dans l’inter-files, ils pourront utiliser leurs feux antibrouillard « pour remédier au défaut de saillance visuelle ». A noter que le texte ne prévoit pas l’utilisation des feux de détresse ou du clignotant gauche, contrairement à ce que pratiquent beaucoup de conducteurs de deux et trois-roues motorisés.
Bien sûr, les dépassements entre les véhicules circulant dans l’inter-files sera interdit.

Pendant combien de temps durera l’expérimentation ?
L’expérimentation devrait durer 4 ans avec une prolongation possible d’un an. Mais, attention, elle pourra être suspendue par simple décision du ministre si les résultats de l’accidentalité ne s’avéraient pas satisfaisants.

Quel suivi ?
Chaque année, un rapport sera remis au ministre afin d’assurer un suivi de l’expérimentation et d’en évaluer les effets. A cette fin, les préfectures concernées devront mettre en place des outils de mesure de la vitesse et de comptage des véhicules, et analyser les accidents de la circulation qui pourront se produire au cours du test.

Quel calendrier ?
Printemps 2015 : publication des décrets modifiant le code de la route et installation des dispositifs de mesure.
Été 2015 : lancement de la campagne de communication auprès des usagers de la route.
Rentrée 2015 : début de l’expérimentation

Quid de la circulation inter-files pratiquée dans les autres départements ou sur d’autres types de voies ?
La circulaire est muette sur le sujet mais on peut espérer que la tolérance perdure.

Quelle est la position de la FFMC ?
La mise en place de cette expérimentation est satisfaisante à double titre.
D’abord, pour tous les usagers de deux et trois-roues motorisés, elle constitue une reconnaissance officielle d’une spécificité de circulation qui leur est propre et qui était, jusqu’à aujourd’hui, peu prise en compte, pour ne pas dire niée, par les autorités en charge de la sécurité routière.
Ensuite, c’est aussi, pour la FFMC, la reconnaissance de son expertise et du travail qu’elle a fourni ces dernières années auprès des instances dans lesquelles elle siège, puisque les critères qui ont globalement été retenus sont ceux qu’elle a toujours promus pour une pratique apaisée de la circulation inter-files.
Il reste maintenant à espérer que les observations menées sur le terrain donneront le feu vert à la légalisation de cette pratique (et non à son interdiction) et surtout à son enseignement dans les écoles de conduite. Tout l’enjeu est là ! Et on ne peut que regretter que l’expérimentation n’organise pas déjà, à titre expérimental, l’enseignement de la circulation inter-files à tous les candidats au permis de conduire, toutes catégories confondues.

Circulaire du 22 décembre 2014

P.-S.

le terme d’expérimentation retenu par les autorités consiste davantage à une « phase d’observation ». Pour la DSCR, il s’agit de procéder à des comptages, de collecter plus précisément les données d’accidentologie relatives à l’interfile des 2RM (distinguer les différents type de 2RM), d’analyse des comportements (mesures de vitesses, estimations des interdistances entre 2RM dans une même file et d’établir des comparaisons suivant les sites en observation (autoroutes en provinces, voies express, périphérique parisien…)

Rappel très important sur l’origine de la question de la reconnaissance (officiellement) de l’interfile :
La question de la circulation des 2RM dans les embouteillages sur voies express (et uniquement sur ce type de voies exemptes de carrefours, de piétons, de cyclistes et de contre-sens) vient d’un très vieux débat : depuis deux décennies que la pratique s’est systématisée, les autorités nous la reproche et elle cristallise les incompréhensions des automobilistes qui y sont confrontés. En réponse, la FFMC a toujours demandé que la pratique puisse être expliquée et si possible enseignée en écoles de conduites, tant chez les élèves au permis A que ceux en permis B.
Pour les candidats 2RM (A), il est nécessaire de rappeler les règles de bon sens : redoubler de prudence, se signaler et se faire voir de manière non agressive, communiquer avec les autres usagers, ne pas forcer le passage, céder le passage à ceux qui le demande en l’indiquant avec leurs clignotants, ne pas coller les autres 2RM, ne pas gêner en éblouissant les autres avec les pleins phares, ne pas abuser du klaxon…

Pour les candidats auto (B), leur expliquer pourquoi les 2RM pratiquent l’interfiles dès que la circulation se densifie, bien utiliser ses rétroviseurs et indicateurs de direction avant d’entamer une manœuvre de changement de file, ne pas serrer un 2RM, leur expliquer la différence de conséquences en cas de chute ou de choc pour un 2RM par rapport à un simple accrochage en voiture…

A ces demandes, les autorités ont toujours répondu qu’on ne pouvait pas enseigner, ni même indiquer dans les documents relatifs à la formation, une pratique non reconnue légalement. Donc, la FFMC a dit : « légalisez la pratique de l’interfile dans un cadre bien précis (embouteillages sur voies express) et cela pourra être enseigné ! »