Quand on veut tuer son chien… …on dit qu’il a la rage !

Ce vieux dicton populaire pourrait s’appliquer à l’agitation médiatique à l’encontre des usagers des deux-roues motorisés.

Alors que Michèle Merli, déléguée interministérielle à la Sécurité routière, multiplie ses annonces en faveur de l’ouverture prochaine de rencontres de concertation avec les motards, les médias reprennent en cœur leurs vieilles rengaines : la moto, c’est dangereux, ça fait des morts et d’ailleurs, voyez comme les utilisateurs de 2-roues motorisés (2-RM) prennent des risques et roulent n’importe comment. Et hop, c’est parti pour des reportages montrant des ados sur des cyclos débridés, des coursiers qui prennent des risques énormes, des motards qui slaloment entre les files des voies rapides, des médecins qui déplorent l’hécatombe, des familles de victimes témoignant leur douleur… la recette est toujours la même : une rasade de diabolisation et une louche de culpabilisation pour faire mijoter le tout dans le moule de la répression.

Depuis le début de l’année 2009, les chaînes de télé M6 et TF1 ont diffusé ce genre de reportage. Au lendemain des manifestations de la FFMC qui ont rassemblé près de 30 000 participants dans toute la France à la suite de l’abandon du projet de décret de la loi dite « procédure VE », le journal Le Parisien a consacré deux pleines pages aux 2-RM... non pas pour évoquer nos manifs, mais pour annoncer davantage de contrôles et de verbalisation à l’encontre des usagers du 2-roues motorisés encore une fois montrés du doigt suivant les méthodes habituelles : paroles de représentants des pouvoirs publics justifiant la répression par l’énoncé de chiffres mortifères et témoignage du chauffeur de taxi pestant contre les motards qui remontent les files et transgressent le Code de la route.
Et ce n’est pas fini : au mois de mai, la chaîne France-2 va diffuser son émission d’information intitulée « ils font bouger la France » consacrée à la Sécurité routière… la FFMC a été contacté par une de ses journalistes : pour parler de son action en faveur de l’éducation routière auprès des jeunes ? Pour nous interroger sur notre vision citoyenne du partage de la route ? Pour nous faire parler de l’Assurance Mutuelle des Motards, de l’Association pour la Formation Des Motards, de nos propositions pour améliorer la sécurité des usagers du 2-roues motorisés ? Pas du tout ! France-2 voulait juste savoir si nous pouvions lui transmettre les coordonnées de motards roulant sans permis pour illustrer un des reportages de l’émission présentée par Béatrice Schönberg.
Pour France-2, la messe est dite : une émission consacrée à la sécurité routière passe forcément par la démonstration des comportements délictueux et les motards qui les intéressent sont ceux qui roulent sans permis… nous avons évidemment refusé de souscrire à cet amalgame aussi navrant que révélateur.

En tout cas, cela confirme que le pouvoir politique se livre à une véritable préparation d’artillerie à notre encontre… la lessiveuse à cerveaux tourne à plein régime ! Dans le même temps, des députés favorables à l’allégement des sanctions pour les auteurs de petits excès de vitesse et contre la verbalisation à la volée se sont vu opposer une fin de non-recevoir, on nous annonce toujours plus de radars, les flics nous traquent sur des motos banalisés et ça et là, des couloirs réservés aux taxis et interdits aux motos fleurissent sur les voies rapides, réduisant un peu plus la place des usagers lambdas au prétexte d’une meilleure fluidité du trafic… Pendant ce temps-là, l’état des routes se dégrade, le réseau des Messieurs Moto part à vau-l’eau alors que les besoins n’ont jamais été aussi grands. Le nombre de 2-roues-motorisés ne cesse d’augmenter, les salariés sont contraints à de plus en plus de mobilité pour échapper à l’immobilité du chômage, les actions de solidarité des citoyens se retrouvent pénalisées par toujours plus de lois et la moindre discussion avec les représentants des forces de l’ordre conduit de plus en plus vite au tribunal pour outrage et rébellion…

Et madame Merli qui nous promet des discussions « sans tabou », qui se déclare favorable à discuter des remontées de files, de la circulation dans les couloirs de bus… pour quand ? On nous avait dit avril... rien vu venir. En mai, peut-être ? Nous y sommes. En juin, sûrement, histoire de faire connaissance, que chacun s’exprime… en gros, comprenez que ça ne démarrera vraiment qu’après les grandes vacances, justement quand les pics d’accidents seront au maximum !

Alors d’ici là, restons vigilants et plus que jamais, n’oublions pas que nous sommes les usagers les plus vulnérables tout en étant les plus stigmatisés comme principaux responsables de notre accidentalité. Alors ne donnons pas aux pouvoirs publics le bâton avec lequel ils veulent nous battre et ne nous comportons pas comme des victimes consentantes. Les beaux jours arrivent, profitons-en à vitesse raisonnable…
Madame Merli nous attend au tournant !

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